Le 8 mars, c’est la Journée internationale des droits de la femme. La plupart d’entre vous le savent ! Mais savez-vous d’où vient cet événement ?
D’abord, en 1909, le Parti socialiste américain organise la « Journée nationale de la femme ». Puis une femme, Clara Zetkin, propose d’instaurer une « Journée internationale des femmes » en 1910.
Qui était Clara Zetkin ? Focus sur cette personnalité marquante qui a influencé la société d’aujourd’hui.
Clara Zetkin, femme éduquée et engagée
Née en 1857 dans l’ancien royaume de Saxe (Empire allemand), la jeune Clara Eißner a un papa instituteur et une maman féministe.
Ses parents, eux-mêmes cultivés, envoient Clara faire des études. La jeune fille obtient ainsi un diplôme en langues étrangères à la fin des années 1870. Dans les faits, Clara n’exerce pas vraiment le métier d’enseignante auquel elle est destinée, car la jeune femme se consacre davantage à la politique.
Parallèlement à ses études, Clara Eißner s’intéresse au socialisme et au féminisme. Au cours de ses pérégrinations, la jeune femme rencontre Ossip Zetkin.
Avec cet homme, révolutionnaire, Russe en exil, elle devient Clara Zetkin, militante, journaliste et femme d’influence.
Membre du SAP (ancêtre du SPD, Parti social-démocrate allemand), Clara contribue à la diffusion clandestine du journal du parti, avant de devenir correspondante pour ce même journal dans les années 1880, alors qu’elle est exilée à Paris.
Pendant qu’elle demeure en France, Clara Zetkin rencontre de grandes figures féministes, comme Louise Michel. Au cours de son séjour, la militante Zetkin développe des idées et des arguments qui opposent le féminisme bourgeois au féminisme socialiste. Elle rallie ainsi à sa cause l’Union suisse des ouvrières, entre autres.
De retour en Allemagne, Clara Zetkin crée un journal. Il s’intitule Die Gleichheit (en français, L’Égalité) et paraît de 1892 à 1917.
La rédactrice en chef Zetkin publie des articles qu’elle destine aux femmes de la classe ouvrière. Ses propos serviront de cadre au développement du mouvement social-démocrate féminin.
Par ailleurs, pour contrer la loi de l’époque interdisant aux femmes d’intégrer un parti politique, Clara Zetkin fonde une structure, inspirée du SPD mais ouverte à la gent féminine.
En 1907, la militante organise la première conférence internationale des femmes socialistes. Plus tard, l’Internationale socialiste des femmes émergera de cette conférence.
Organisation féministe et socialiste, l’Internationale des femmes lutte pour le droit de vote des femmes, mais c’est aussi un rassemblement pacifiste, opposé à la guerre en Europe.
Et c’est tout naturellement que Clara Zetkin devient présidente de la structure. Elle conserve ce poste important au sein de l’Internationale des femmes socialistes jusqu’en 1917.
Le combat de Clara Zetkin et de ses acolytes finira par payer. En 1918, les femmes obtiennent finalement le droit de vote en Allemagne. Ce nouveau droit accordé aux Allemandes permet à Clara Zetkin de jouer un véritable rôle dans la politique de son pays. Après son adhésion au Parti communiste allemand, elle devient députée pour ce parti de 1920 jusqu’à sa mort, en 1933, alors qu’elle fuit le régime nazi à Moscou.
LA femme qui a inventé la Journée internationale des femmes le 8 mars
Après la première conférence de l’Internationale des femmes socialistes à Stuttgart, d’autres événements ont lieu. En 1910, une conférence se tient à Copenhague, au Danemark. Des femmes de 17 pays différents sont présentes. C’est lors de cette conférence que la militante Clara Zetkin soumet l’idée d’une Journée internationale des femmes.
À l’origine, l’objectif consiste surtout à se mobiliser durant une journée pour revendiquer le droit de vote des femmes et pour réclamer l’égalité entre les sexes.
La première Journée internationale des femmes a lieu le 19 mars 1911. Par la suite, chaque année, des « journées » sont organisées en Allemagne, en France, mais aussi en Autriche et en Russie.
Au départ, aucune date n’est strictement définie pour ce grand jour de manifestations. Mais en 1914, les Allemandes choisissent, par hasard, le 8 mars pour revendiquer leur droit de vote.
Quelques années plus tard, en 1917, les Russes manifestent massivement le 8 mars, laissant émerger la révolution russe. Alexandra Kollontaï, rare femme diplomate de l’époque, décrit l’événement comme la « journée internationale des ouvrières ».
C’est alors que la date du 8 mars est instituée, de manière implicite, pour célébrer cette fameuse journée de la femme.
Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays célèbrent la Journée internationale des femmes le 8 mars, notamment en Europe de l’Est.
En 1977, l’ONU déclare officiellement le 8 mars comme jour des droits des femmes. En France, il faut attendre 1982 pour que le 8 mars devienne la véritable Journée des femmes.
Que reste-t-il aujourd’hui de Clara Zetkin ?
Vous l’avez compris, Clara Zetkin est donc l’inventrice de la Journée internationale des femmes. Depuis plusieurs décennies, le 8 mars, dans tous les pays du monde, des manifestations, rassemblements et événements ont lieu pour fêter les avancées en faveur des femmes et de leur émancipation et pour exprimer certaines revendications.
Clara Zetkin nous laisse aussi un espoir que tout est possible. Alors qu’elle a évolué dans une société où les femmes étaient persona non grata en politique, elle est parvenue à créer sa propre structure et à faire émerger une communauté de femmes engagées. Grâce à son combat et à sa détermination, elle a même réussi à entrer au Reichstag en tant que députée dès 1920.
Révoltée par les inégalités sociales et les inégalités de genre, à la fois marxiste et féministe, Clara Zetkin demeure une femme inspirante et influente.
De nombreux hommages lui sont d’ailleurs rendus à travers l’Europe. L’Allemagne a notamment édité un timbre à son effigie en 1957 et des lieux publics ont été baptisés Clara-Zetkin outre Rhin. En France et en Espagne, des parcs, écoles et rues portent le nom de Clara Zetkin.
Désormais, lorsque vous célébrerez la Journée des femmes, pensez à Clara Zetkin, mère du 8 mars.
