Le Corbusier, Jean Nouvel, Frank Gehry… Si vous vous intéressez un petit peu à l’architecture, vous avez forcément entendu parler de ces hommes.
De manière générale, les architectes hommes jouissent d’une reconnaissance supérieure aux femmes. Ces dernières ont d’ailleurs été longtemps tenues à l’écart.
Depuis le 19ème siècle cependant, l’influence de la gent féminine grandit dans le domaine.
Découvrons en détail les femmes architectes qui ont compté et qui ont révolutionné cet art de concevoir bâtiments, jardins et espaces urbains.
7 femmes architectes qui ont compté
Signe Hornborg (1862-1916)
Signe Hornborg est la toute première femme architecte dans le monde. Elle reçoit son diplôme en 1890, à une époque où les femmes ont une place extrêmement réduite en architecture.
Dans son pays, la Finlande, Signe Hornborg conçoit des bâtiments d’habitation, dont la fameuse Newander’s House.
Le style de cette architecte finlandaise est plutôt romantique.
Julia Morgan (1872-1957)
Arrivée des États-Unis avec un diplôme en génie civil, Julia Morgan est la première femme admise à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, en section Architecture. Alors que l’établissement existe depuis 1817, il faut en effet attendre 1898 pour y voir une élève féminine.
Pour entrer aux Beaux-Arts, Julia Morgan passe les examens trois fois. Tandis qu’il faut généralement cinq ans pour achever le parcours, la jeune architecte obtient son diplôme dans un délai record de trois ans.
Sortie de la prestigieuse école française, Julia Morgan part pour San Francisco, d’où elle est originaire, et crée sa propre agence d’architecture.
Tout au long de sa carrière, elle dessine les plans de près de 800 édifices. Son style mélange le néocolonialisme hispanique à des éléments de la Renaissance et des références à l’Antiquité.
Par ailleurs, Julia Morgan joue un rôle important dans le développement du style « First Bay Tradition ». Propre à San Francisco, il se distingue par son lien avec la nature et le recours à des matériaux simples et locaux.
Jeanne Surugue (1896-1990)
L’Américaine Julia Morgan ayant ouvert les portes des Beaux-Arts aux femmes architectes, une Française lui succède. Il s’agit de Jeanne Surugue.
Elle est la première femme française à recevoir le diplôme d’architecture des Beaux-Arts, en 1923. Elle est également la première architecte femme diplômée d’État.
Malgré son parcours, Jeanne Surugue ne peut exercer librement son métier en France. Elle part donc pour Cuba d’abord, où elle conçoit des jardins publics. Ensuite, elle participe à des travaux publics en Indochine.
Au début des années 1930, Jeanne Surugue expose ses projets architecturaux au Salon des arts français de l’Indochine, puis au Salon des artistes français.
Lin Huiyin (1904-1955)
Issue d’une famille chinoise aisée, Lin Huiyin a la chance de pouvoir s’instruire et de voyager. C’est aux États-Unis qu’elle se forme à l’architecture, non pas en allant à la faculté d’architecture (elle est refusée, parce qu’elle est une femme), mais en intégrant les Beaux-Arts.
Lorsqu’elle revient en Chine, Lin Huiyin joue un rôle de premier plan, en devenant enseignante à l’université et la première femme architecte de son pays.
Avec son époux, Liang Sicheng, ils développent des départements d’architecture dans des universités chinoises, conçoivent des logements pour les étudiantes de l’université de Pékin, étudient l’architecture traditionnelle…
Son époux est considéré comme le père de l’architecture chinoise moderne. Mais en réalité, Lin Huiyin a toujours été à ses côtés.
Zaha Hadid (1950-2016)
Première femme récipiendaire du Prix Pritzker en 2004, Zaha Hadid figure parmi les meilleurs architectes du monde et les plus connus. Impossible d’évoquer les femmes en architecture sans citer Zaha Hadid.
Après une formation à l’Architectural Association à Londres, elle devient patronne de son agence d’architecture. Zaha Hadid travaille alors sans relâche, jusqu’à son décès.
Si on l’associe souvent aux courants déconstructiviste, abstractionniste et futuriste, Zaha Hadid a cependant un style singulier, qui évolue au fil du temps.
Ses premiers édifices sont anguleux. Puis, les lignes deviennent plus fluides, plus organiques, à l’image de l’Opéra de Canton, inauguré en 2010, et de l’Aquatics Centre, conçu pour les JO de 2012 à Londres.
L’œuvre de Zaha Hadid est si importante que le musée Guggenheim à New York lui consacre une rétrospective. En 2008, l’architecte compte également parmi les 100 femmes les plus puissantes du monde, d’après Forbes.
Odile Decq (1955-)
Formée à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette, cette Bretonne fonde son agence dans les années 1980, avec un associé, Benoît Cornette. Celui-ci décède tragiquement en 1998 et Odile Decq se retrouve seule à tenir les rênes d’OBDC.
Femme ambitieuse et architecte prolifique, l’artiste enchaîne les projets. Elle conçoit des immeubles de logements, des immeubles de bureaux, des restaurants… On peut voir ses ouvrages en France, en Chine, en Italie…
Odile Decq dessine aussi des meubles et des accessoires de maison.
De plus, elle enseigne l’architecture dans des établissements prestigieux, comme l’ESA ou l’Académie des Beaux-Arts de Vienne. De 2007 à 2012, Odile Decq devient même directrice de l’École spéciale d’architecture, avant de créer sa propre école, à Lyon, en 2014.
Kazuyo Sejima (1956-)
La Japonaise Kazuyo Sejima est une architecte d’exception et une entrepreneuse. En 1987, elle crée sa propre agence d’architecture. En 1995, elle se lance dans un nouveau projet, en association avec Ryue Nishizawa et tout en continuant de gérer son agence à elle.
L’agence de Sejima et Nishizawa, baptisée SANAA, est notamment chargée de concevoir le musée d’art contemporain de Kanazawa, la boutique Dior à Tokyo, le Rolex Learning Center à Lausanne…
On trouve également des ouvrages dessinés par Kazuyo Sejima à Paris, New York et Milan.
Son style épuré et son attention pour les détails valent à Kazuyo Sejima un prix Pritzker, en 2010.