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Qu’est-ce que le syndrome de la Schtroumpfette ?

Dernière mise à jour :

Le syndrome de la Schtroumpfette, vous connaissez ? Même si cette expression ne vous dit rien, vous avez forcément observé ce phénomène au moins une fois dans votre vie…

…il est question des œuvres de fiction et de la place qu’y occupent les femmes.

Le syndrome de la Schtroumpfette intervient notamment dans les bandes-dessinées, les séries et les films. Il réduit les femmes à des protagonistes secondaires et un peu superflues, sans grande influence pour le récit et très stéréotypées.

Ça vous intrigue tout ça ? Nous avons décrypté ce fameux syndrome de la Schtroumpfette. Comment est-il apparu ? De quoi est-il question précisément ? Quel impact sur notre société ?

Le syndrome de la Schtroumpfette, c’est quoi exactement ?

Le « syndrome de la Schtroumpfette » est né de l’expression anglosaxonne « Smurfette principle », inventée par la féministe américaine Katha Pollitt.

Dans un article pour le New York Times qu’elle écrit au début des années 1990, la journaliste, essayiste et écrivaine dénonce les inégalités présentes dans les séries qu’elle voit à la télé. Pour elle, les fictions mettent trop souvent en avant des groupes de garçons, accompagnés d’une seule fille, peu influente et stéréotypée.

Pour Katha Pollitt, le syndrome de la Schtroumpfette communique un message de différence entre les hommes et les femmes, avec des garçons sur-représentés, centraux, importants, puissants, et des filles en retrait, moins valorisées.

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La Schtroumpfette, triste représentation de la femme en BD

L’expression « syndrome de la Schtroumpfette » est parfaitement trouvée, car la problématique que soulève Katha Pollitt est plus claire quand on feuillette les BD des Schtroumpfs

Pour sa série Les Schtroumpfs, Peyo a élaboré tout une histoire autour de petits personnages bleus, réunis dans leur village et communiquant avec leur propre langage. Si l’on fait les comptes, il y a plus de 100 Schtroumpfs différents : le Grand Schtroumpf, reconnaissable à son bonnet rouge, le Schtroumpf paresseux, le Schtroumpf cuisinier, le Schtroumpf maladroit, le Schtroumpf noir, le Schtroumpf farceur…

Au milieu de tous ces petits hommes bleus, on ne trouve qu’une seule représentation féminine. Et il s’agit de la Schtroumpfette.

Au-delà de la sous-représentation des femmes dans la bande-dessinée, cette petite Schtroumpfette pose une autre question. Celle de la mal-représentation de la gent féminine.

Car l’atout féminin des Schtroumpfs n’est pas une fille très originale, ni moderne. Blonde aux cheveux longs, elle porte une mini robe blanche et des chaussures à talons. Et tous les Schtroumpfs sont amoureux d’elle. Une image qui laisse peu de place à une femme émancipée et décomplexée.

D’autres exemples du syndrome de la Schtroumpfette

Les Schtroumpfs n’est pas la seule BD évocatrice du syndrome de la Schtroumpfette. Dans de nombreuses bandes-dessinées, les femmes sont sous- ou mal-représentées.

C’est par exemple le cas dans Les Aventures de Tintin. Cette BD mythique compte plusieurs personnages masculins mémorables : Tintin, le Capitaine Haddock, les jumeaux Dupond et Dupont, le Professeur Tournesol… Mais on ne trouve qu’une seule représentante récurrente de la gent féminine : la Castafiore. Bianca de son prénom, est une femme qui se maquille et se pare d’atours. Cantatrice, elle est extravertie, volubile… C’est un cliché de la diva.

Tout le monde connaît les personnages principaux de la saga Star Wars. Luke Skywalker, Dark Vador, Han Solo, Obi-Wan Kenobi… Parmi ces hommes, une seule femme, la Princesse Leia, dont une partie de la popularité s’est développée autour de deux scènes en bikini doré.

Plus récemment, le film hollywoodien Ocean’s Eleven s’est révélé un bon exemple du syndrome de la Schtroumpfette. Qui a joué la Schtroumpfette ? Julia Roberts, alias Tess Ocean. Et pour les Schtroumpfs, nous avons eu Brad Pitt, George Clooney, Matt Damon et Andy Garcia.

La saga des Avengers est un autre film où le syndrome de la Schtroumpfette est visible. Parmi les super-héros majeurs, on retrouve Iron Man, Captain America, Hulk, Thor ou encore Hawkeye. Une seule et unique super-héroïne complète le tableau, la Veuve noire.

Un test pour identifier le syndrome de la Schtroumpfette

Intéressée par le problème de l’absence des femmes dans les films, l’autrice Alison Bechdel a proposé un test pour diagnostiquer le syndrome de la Schtroumpfette.

Pour analyser la place des femmes et leur mise en valeur dans une œuvre de fiction, il faut se poser trois questions :

  • Y a-t-il au moins deux femmes nommées dans l’œuvre ?
  • Ces deux femmes échangent-elles directement ensemble ?
  • Parlent-elles d’autre chose que d’un homme ?

Si la réponse est « OUI » à au moins une de ces trois questions, on peut être en présence d’un syndrome de la Schtroumpfette, avec une mauvaise représentation de la femme dans l’œuvre et des marques de sexisme.

Le principe de la Schtroumpfette, de la fiction à la réalité

Malheureusement, le syndrome de la Schtroumpfette ne s’applique pas uniquement aux œuvres fictives. Non, car la représentation que l’on fait de la femme dans la culture populaire influence nos modes de pensée et nos sociétés.

En suivant le principe de la Schtroumpfette pour créer, les artistes diffusent l’image d’une femme stéréotypée, pas forcément très futée et pas fondamentalement utile à l’histoire. Touchées par ce syndrome, les femmes sont confinées à des places de second rang dans les œuvres…et dans la vraie vie.

Dans la société, l’image que l’on se fait de la femme peut être faussée à cause du syndrome de la Schtroumpfette. Les filles sont parfois limitées à leur rôle de mère au foyer, certaines manquent de reconnaissance dans leur métier, d’autres sont carrément victimes de l’effet Matilda. Mais toutes les femmes ne sont pas des Schtroumpfettes !

Et heureusement, les femmes s’imposent de plus en plus, dans la fiction comme dans la réalité.

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