Dans l’univers de l’entrepreneuriat, vous savez que le leadership ce n’est pas « imposer » ni « cajoler » : c’est naviguer entre plusieurs pôles relationnels. Deux compétences essentielles émergent : l’assertivité (s’affirmer, poser des limites, décider) et l’empathie (comprendre les autres, se connecter, adapter). Le défi ? Ne pas basculer dans le « trop d’assertivité = autoritarisme » ni le « trop d’empathie = indécision ».
Cet article vous guide pour développer votre leadership en cultivant cet équilibre — avec des outils et des mises en pratique claires pour votre réalité d’entrepreneure ou de manager.
Comprendre les deux pôles (assertivité & empathie) pour mieux les harmoniser
Définitions et enjeux dans le leadership
- Assertivité : capacité à exprimer ses besoins, limites, opinions de façon claire et respectueuse — ni agressive, ni passive.
- Empathie : capacité à percevoir ce que ressent l’autre, ses besoins non exprimés, sans pour autant fusionner avec ses émotions.
Dans un leadership fort, ces deux dimensions sont complémentaires. À un trop d’empathie (qui peut bloquer la prise de décision) doit répondre une dose d’assertivité maîtrisée ; et une assertivité brute est plus efficace quand elle est teintée d’empathie (pour éviter l’effet « bulldozer »).
Quand l’un domine l’autre : risques et signes
Quand l’empathie l’emporte
- Vous avez du mal à dire non, à poser des limites.
- Vous acceptez des charges trop lourdes pour ne pas décevoir.
- Vos décisions sont diluées par l’envie de « faire plaisir ».
Quand l’assertivité domine (sans empathie)
- Vous imposez des directives sans écouter les résistances.
- Vos collaborateurs peuvent se sentir rabaissés, incompris.
- L’engagement faiblit, la confiance se fragilise.
Reconnaître dans quelle zone vous oscillez, selon les moments, est déjà une étape puissante vers l’équilibre.
Pourquoi cet équilibre “empathie-assertivité” est crucial pour développer le leadership
- Un leadership respecté : poser des limites claires crée la crédibilité.
- Un leadership adhérent : l’empathie génère la confiance, l’adhésion.
- Un leadership soutenable : éviter l’épuisement relationnel (trop d’empathie) ou les conflits (trop d’imposition).
- Un leadership adapté : selon les situations (crise, innovation, routine), vous ajustez la balance.
Autrement dit : développer le leadership, c’est cultiver une posture fluide, ni rigide ni flasque.
Outils pour renforcer votre assertivité — sans perdre votre humanité
Le « non » diplomatique et les formules de refus
Dire non est souvent le plus difficile. Pourtant, refuser avec clarté est un acte de leadership.
Outils / techniques :
- Sandwich + alternative : « Je comprends ta demande, mais je ne peux pas à ce moment. Je propose que… »
- Phrase de regret + fait + proposition : « Je suis désolée, mais je ne peux pas m’engager. En revanche, je peux… »
- Technique du Fogging : commencer par un point de consensus avant d’exprimer le désaccord.
Pourquoi ça marche pour une entrepreneure ?
Cela vous permet de préserver vos priorités et votre énergie, tout en gardant la relation ouverte. Vous ne passerez plus pour « celle qui dit oui à tout » ni pour une dirigeante rigide.
Reformulation et écoute active dans le message assertif
Pour que votre affirmation soit entendue, l’exprimer avec clarté ne suffit pas : l’autre doit se sentir compris.
Outils :
- Reformulation / paraphrase : « Si je te suis bien, tu dis que … »
- Validation émotionnelle : « Je comprends que cela soit frustrant »
- Phrase « je » (moins accusatrice) : « Je ressens que… / Je souhaite que… »
Impact professionnel :
Quand vos interlocutrices se sentent entendues d’abord, elles sont plus enclines à écouter votre partie. Cela permet de négocier plus facilement, de réduire les tensions et de gagner en crédibilité.
Le recadrage constructif
Quand un membre de l’équipe franchit la limite (délai non tenu, attitude non professionnelle…), l’assertivité entre en scène.
Outils :
- Observation factuelle : « J’ai constaté que le rapport est en retard »
- Impact concret : « Cela retarde d’autres actions »
- Proposition corrective : « Je propose que… »
- Éviter le jugement global (éviter « tu es toujours… »)
Ce type de recadrage rapide et factuel, dans un style respectueux, prévient l’accumulation de frustrations. En tant qu’entrepreneure, c’est un moyen de garder un collectif aligné sans lourdeur de gestion.
Cultiver l’empathie — sans vous perdre, pour structurer votre leadership
Cartographier les émotions non exprimées : l’écoute « sous-jacente »
Souvent, les résistances ou tensions dans une équipe ne s’expriment pas directement. Apprendre à lire derrière les mots est un super-pouvoir de leader empathique.
Outils / pratiques :
- Pause silencieuse après une réaction forte : donnez du temps pour que l’autre complète.
- Question ouverte : « Qu’est-ce pour toi le plus difficile dans ce projet ? »
- Repérer les signaux non verbaux (intonation, silence, posture)
Valeur pour l’entrepreneure :
En détectant les non-dits, vous intervenez « avant » que la crise n’éclate. Cela protège l’ambiance, booste l’engagement, et vous évite des effets « surprise » dans les conflits.
Se mettre en miroir (empathie cognitive) : comprendre sans fusionner
L’empathie ne signifie pas absorber les émotions de l’autre. Il s’agit de comprendre ce qui motive, sans se laisser submerger.
Outils :
- Technique des perspectives : « Si j’étais elle, que ressentirais-je ? »
- Question-distance : « Qu’est-ce que tu dirais à une collègue dans ta situation ? »
- Auto-ancrage : identifier ses propres limites émotionnelles (ce que je peux absorber ou non)
Pourquoi c’est utile dans l’entrepreneuriat ?
Cela évite de vous épuiser émotionnellement, tout en maintenant l’information relationnelle. Vous gagnez en clarté pour décider : ce que vous portez, ce que vous déléguez, ce que vous externalisez.
Retour empathique + feed-back assertif : le duo gagnant
Quand vient le moment d’un retour (positive ou correctif), marier empathie et assertivité est une force.
Outils / approche :
- Expression empathique : « Je vois que tu as mis beaucoup d’efforts ici »
- Retour factuel + objectif : « cependant, le document comporte des erreurs sur les chiffres »
- Proposition d’amélioration : « Je propose que nous refassions ensemble un passage clé pour clarifier »
Ce combo donne une structure de retour perçue comme légitime, humaine, constructive, et motive à l’amélioration.
5 mini-routines quotidiennes pour renforcer votre posture de leader
- Commencez chaque journée en vous fixant 3 limites non négociables (ex : pas de mails après 20h).
- À la fin de la journée, analysez un échange « difficile » : où auriez-vous pu être plus assertive ? plus empathique ?
- En réunion, mettez en place une phase « Tour de voix » (chaque personne exprime une émotion ou inquiétude) pour que l’empathie circule librement.
- Pratiquez le « non progressif » dans votre vie perso
- En cas de doute entre deux options, posez-vous cette double question : « est-ce que je respecte mes limites ? » + « est-ce que je prends en compte les autres ? »
En travaillant un peu chaque jour sur cette balance — comprendre quand accentuer l’un ou l’autre — vous verrez votre posture de leader s’enrichir. Vous ne serez ni « la dure sans cœur » ni « l’amie trop soumise » : mais une entrepreneure à la fois claire, humaine et impactante.