Esméralda Cicchetti a grandi à Grasse, bercée par les effluves de jasmin, entre science et poésie. Docteure en chimie, autrice, cheffe d’entreprise et fondatrice de l’association Olf’Active, elle explore depuis toujours la richesse du monde olfactif. Mais ce qu’elle construit dépasse largement le parfum : c’est une véritable culture sensorielle qu’elle veut transmettre, avec éthique, justesse et engagement. Des laboratoires industriels à la littérature jeunesse, en passant par l’édition indépendante et les ateliers sensoriels, son parcours tisse des ponts inattendus entre savoir, mémoire, inclusion et émotion. Son ambition ? Réhabiliter un sens souvent oublié, et le mettre au service du lien, de la transmission et du soin. Rencontre avec une femme qui fait sentir le monde autrement.
Parcours & genèse
Votre parcours est à la croisée de l’olfaction, de l’édition et de la transmission culturelle. Qu’est-ce qui a guidé ce chemin si singulier ?
Je viens d’un milieu modeste, fille d’une secrétaire et d’un chauffeur poids lourd. Les fins de mois étaient souvent compliquées. J’étais boursière échelon 5, et sans cette aide, je n’aurais pas pu faire mes études. C’est pour cela que je ressens aujourd’hui une vraie envie de rendre ce qu’on m’a donné, de partager et de rendre le savoir accessible à tous.
Je suis née à Grasse, au cœur des parfums. L’olfaction faisait partie de ma vie avant même que je sache qu’on pouvait en faire un métier. Ma grand-mère paternelle, d’origine italienne, cueillait le jasmin à l’aube. Ma grand-mère maternelle, issue d’une famille d’agriculteurs des Hautes-Alpes, est devenue chimiste dans les années 1960, après un DUT à Marseille. À l’époque, c’était audacieux pour une femme de faire des études…elle a quand-même dû demander à mon grand-père l’autorisation de passer son permis de conduire! Enfant, j’étais fascinée par les odeurs qu’elle rapportait de l’usine car elle sentait la grenadine. J’avais autant de facilité en lettres qu’en sciences, mais au lycée j’ai dû faire un choix. J’ai choisi la science, en me disant qu’elle m’aiderait à mieux vivre, j’avais cette envie d’être indépendante finacièrement pour ne pas galérer comme mes parents. J’ai mis les mots de côté, mais pas pour toujours. Adolescente, j’écrivais des poèmes, puis des nouvelles, et en 2021, j’ai publié mon premier roman. J’ai toujours eu un pied dans la science et l’autre dans la poésie. C’est entre les deux que je me sens à ma place. A 43 ans, je me suis dit qu’il était temps de ne plus rentrer dans le moule. Après tout, je peux faire les deux!
Comment est née Scentxpertises et quelle mission vous étiez-vous fixée au départ ?
J’ai passé vingt ans dans l’industrie des arômes, des parfums et des extraits naturels. À un moment, j’ai ressenti que mes compétences n’étaient pas toujours utilisées à bon escient, que je pouvais en faire davantage, notamment en les mettant au service des autres et en contribuant à faire évoluer les pratiques du secteur. J’ai eu la chance de présider plusieurs commissions pendant mon parcours industriel, et j’y ai découvert ce que j’aimais le plus; à savoir le travail collectif, l’échange d’idées entre pairs, loin de la compétition entre entreprises. Cette émulation intellectuelle me plaisait mais ne représentait qu’une petite partie de mon job. En tant que docteure en chimie, j’étais habilitée à donner des cours en univeristé et dans les écoles d’ingénieurs. J’ai beaucoup aimé cette phase de transmission. Je dis toujours que je distribue des graines et que j’espère qu’elles vont fleurir et donner des fleurs encore plus grandes que moi. J’ai créé ScentXpertiseS avec la volontée de partager une expertise reconnue, ne plus la réserver à quelques décideurs, mais la mettre à disposition d’un plus grand nombre pour bâtir ensemble une culture olfactive plus éthique, plus éclairée et plus vivante. D’ailleurs j’ai créé mon assocition Olf’Active en même temps. Les deux sont indissociables.
Vous dites que l’odorat est un sens encore trop négligé. Quand avez-vous pris conscience de sa puissance ?
J’ai toujours baigné dans les odeurs, donc pour moi c’était naturel. Ce n’est que plus tard, en rencontrant des personnes qui n’étaient pas de Grasse, que j’ai pris conscience que ce rapport à l’odorat n’allait pas de soi. Il y avait comme un tabou, une gêne presque. Les gens me disaient souvent « moi, je ne sais pas sentir ». Et je trouvais ça fou, parce que personne ne dirait « je ne sais pas voir » ou « je ne sais pas entendre »! C’est là que j’ai réalisé à quel point notre société avait mis ce sens de côté, alors qu’il est le premier à se développer. Je me souviens de mes filles, à leur naissance, elles ont chacune, à 18 mois d’intervalle, cherché instinctivement mon sein du bout de leur petit nez! L’odorat est notre sens le plus archaïque et le plus universel et je me demande encore aujoud’hui comment on a pu le délaisser à ce point…

ADN de Scentxpertises
Votre approche lie expertise olfactive, création et accompagnement : comment articulez-vous ces différentes facettes ?
L’expertise olfactive est le socle de tout ce que je fais. Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi d’appeler mon entreprise ScentXpertiseS. C’est le point de départ de toutes mes activités, qu’il s’agisse de création, d’analyse ou d’accompagnement. Quand je travaillais dans l’industrie, j’ai dirigé aussi bien des laboratoires de recherche et développement que des laboratoires de contrôle qualité. Aujourd’hui encore, je fonctionne un peu de la même façon. La création, c’est mon côté R&D, celui qui explore et innove. L’accompagnement, c’est mon côté qualité, celui qui structure, vérifie et affine. Les deux vont ensemble naturellement, parce que je suis à la fois scientifique et littéraire, chercheuse pour l’avenir et respectueuse du passé. Je ne pourrais pas choisir entre les deux, car il y a un peu de l’un dans l’autre quand on y pense!
Vous évoquez souvent le rôle de l’olfaction dans la mémoire, la créativité, le soin. En quoi l’odorat est-il un média à part ?
L’odorat est un média à part, parce qu’il agit sans qu’on s’en rende compte. On sent tout le temps, parce qu’on respire, parce qu’on mange, parce qu’on vit. C’est un sens instinctif et inconscient. On a conscience de voir, de toucher, de goûter, mais pas de sentir, sauf quand une odeur devient soudain très agréable ou au contraire insupportable. Ce caractère “invisible” le rend à la fois fascinant et vulnérable. On peut influencer, voire manipuler les gens par l’odeur, notamment dans le marketing. L’odorat touche directement au cerveau émotionnel, sans passer par le filtre de la raison. C’est le sens du lien, de la mémoire, de la vérité intime. Une odeur peut réveiller un souvenir, une émotion enfouie parfois même chez des personnes atteintes de troubles du comportement ou de maladies neurodégénératives. C’est pour cela que je le considère comme un média à part entière. C’est un vecteur de soin, de création et de compréhension de soi.
Comment sélectionnez-vous les matières ou les partenaires avec lesquels vous travaillez ? L’intuition joue-t-elle un rôle ?
Dans mes choix je me fie à deux choses, à savoir, mes valeurs et mon ressenti. L’éthique passe avant tout. J’ai quitté l’industrie pour pouvoir être pleinement en accord avec moi-même. Je travaille avec des gens et des produits qui respectent la matière, le vivant et les humains. Et puis, il y a le feeling. Si je ne “sens” pas le projet ou la personne, je n’y vais pas. L’intuition, c’est aussi une forme de compétence sensorielle. Elle me guide autant que la méthode.
Maison d’édition & publication
Pourquoi avoir créé une maison d’édition dédiée à la culture olfactive ? Que souhaitez-vous transmettre à travers vos ouvrages ?
J’ai créé la maison d’édition parce que, en tant que lectrice passionnée et spécialiste, je ne trouvais nulle part de maison qui place vraiment les odeurs au cœur de sa ligne éditoriale. Quand je voulais lire sur le sujet, je devais fouiller les moteurs de recherche, suivre des blogs ou des posts au hasard des réseaux… Je me suis dit que ce sqerait plus simple s’il existait une maison d’éditions sur les odeurs, tous comme mes anciens collègues quand on parlai de ça. Et puis, en 2021, quand j’ai voulu publier mon premier roman, j’ai contacté Nez Éditions car c’est ce qui se rapprochait le plus du monde des odeurs. Ils m’ont répondu très gentiment, mais mon roman ne rentrait pas dans leur ligne éditoriale. Leur approche est plus élitiste, plus orienté parfumerie. Moi, je veux faire entrer les odeurs (bonnes ou mauvaises!) partout : chez les enfants, chez les grands-parents, dans les écoles, pas seulement chez les professionnels ou les initiés. J’ai voulu créer une maison d’édition où l’odeur est vraiment au centre, mais sans chichi, sans jargon. Une maison ouverte, accessible, curieuse, qui fasse sentir au lieu de seulement expliquer. Je voulais sortir de l’industrie que je quittais pour offrir cette culture à tous.
Je voulais aussi que les auteurs soient mieux rémunérés qu’ils ne le sont habituellement. Aujourd’hui, la réalité, c’est que la plupart touchent entre 8 et 13 % de droits d’auteur sur leurs propres créations même pour la littérature jeunesse, on tourne autour de 10 %. C’est injuste. Sans auteurs, il n’y a pas de livres. Et puis souvent dans notre domaine, il y a des “collectifs” d’auteurs, en gros ça veut dire qu’on est bénévoles, on écrit chacun quelques lignes juste pour la gloire… Dès le départ, je me suis dit que je voulais changer ça et proposer 20 % de droits d’auteur. Je voulais m’éloigner du modèle des maisons à compte d’auteur déguisées, où les créateurs se ruinent pour publier. Pour moi, rémunérer correctement les auteurs, c’est une évidence.
Aussi, je voulais soutenir le local. J’en ai assez du greenwashing, que j’ai trop vu dans mon industrie et qui existe aussi dans le monde de l’édition. Aujourd’hui, près des deux tiers des livres jeunesse français sont imprimés à l’étranger. Pour moi, ce n’était pas acceptable, je voulais que les livres soient produits en France, autant que possible, pour soutenir les savoir-faire locaux et réduire l’empreinte écologique.
Enfin, je voulais que les livres soient à des tarifs accessibles pour favoriser la diffusion de la culture. Par exemple, quand mon roman est sorti chez Le Lys Bleu, il coûtait 22,40 €. J’ai trouvé que c’était trop cher. J’ai donc repris mes droits pour m’autoéditer et pouvoir le vendre à 18 €, ce qui me semblait plus raisonnable et accessible. Je suis une transfuge de classe, et je me souviens d’où je viens. Cette petite fille que j’étais, qui ne pouvait pas toujours s’offrir ce qu’elle voulait, est toujours en moi. Elle guide mes choix aujourd’hui: rendre le savoir, les livres et la culture accessibles à tous.
Vous publiez à la fois des essais, des recueils et des carnets sensoriels. À qui s’adressent ces livres, et que doivent-ils éveiller ?
La maison d’édition s’organise autour de trois collections :
- Éclats d’odeurs, pour les enfants ;
- Odeurs & mots, pour la littérature ;
- Olfactologia, pour les ouvrages techniques et scientifiques.
Ce découpage me permet de m’adresser à tout le monde, qu’il s’agisse des professionnels, des étudiants, des curieux, des enseignants, des amoureux des lettres… Le fil conducteur, c’est toujours l’odeur, sous toutes ses formes. À travers ces livres, je veux éveiller la curiosité et reconnecter les gens à leur odorat. L’idée, c’est de donner envie de sentir, de comprendre et de se souvenir et pas seulement d’apprendre. Les premiers retours que j’ai eus des lecteurs de mon premier roman étaient assez hallucinants. Comme beaucoup d’auteurs j’ai eu droit à des chroniques littéraires sur les réseaux, notamment instagram. Et en fait ce qui ressortait c’est que tous ces lecteurs, pourtant habitués à dévorer des dizaines de livres par mois, étaient tous surpris par le vocabulaire de l’olfaction. Ils étaient vraiment décontenancés parce que ce n’est pas habituel. Tout le monde connait le livre Le Parfum mais à part ça?
Je vous mets quelques liens vers des retours pour que vous vous rendiez compte à quel point l’écriture sur les odeurs peut chambouler les gens:
- https://fildediane.wordpress.com/2021/04/18/hanae-dragonfly-voyageuse-nez-desmeralda-cicchetti/
- https://booksfeedmemore.eklablog.com/hanae-dragonfly-voyageuse-nez-esmeralda-cicchetti-a207961170
- https://www.babelio.com/livres/Cicchetti-Hana-Dragonfly-Voyageuse-Nez/1472303
- https://www.amazon.fr/Hana%C3%AB-Dragonfly-Voyageuse-Esm%C3%A9ralda-Cicchetti/dp/B08YQVB1BP#averageCustomerReviewsAnchor
Quel ouvrage ou projet éditorial vous semble aujourd’hui le plus emblématique de votre démarche ?
Le livre Monsieur Indole ne sent pas bon! est sans aucun doute le plus emblématique de cette démarche. C’est lui qui m’a vraiment décidé à créer la maison d’édition car je voulais lui donner un bel écrin pour sa sortie. Je ne voulais pas qu’il soit publié dans une maison d’édition généraliste et qu’il se perde parmi les autres livres. J’avais écrit l’histoire en 2018 et il manquait les illustrations…et un jour j’ai rencontré une consoeur chimiste lors d’un afterwork. Elle était passionnée par l’aquarelle. Elle a donné vie aux personnages. Les premières planches m’ont vraiment séduite, elle avait tout compris! J’avais eu tellement de mal à trouver un illustrateur qui humanise les molécules dont je parlais. Ce livre est innovant à plusieurs niveaux, non seulement il parle d’odeurs mais il parle aussi de chimie à des enfants dès huit ans alors que normalement on étudie la chimie à partir du collège. En plus, ce livre a plusieurs niveaux de lecture et aborde des thèmes comme l’exclusion et la différence. Il valorise aussi les femmes scientifiques puisque nous sommes toutes deux docteures en chimie. Et surtout, il est lié à l’association Olf’Active et à son projet EDUQUER, qui vise à diffuser la culture olfactive dès le plus jeune âge. Tous les livres qui seront édités au sein de ScentXpresS sont pensés dans ce même esprit : accessibles, pédagogiques et ouverts. Ils seront toujours disponibles à tarif réduit pour les associations qui œuvrent à faire découvrir le monde des odeurs.

Association & transmission
Vous avez cofondé l’Olfactive Association. Quels sont ses objectifs concrets ?
J’ai cofondé l’Olfactive Association pour rendre la culture olfactive accessible à tous, de la petite enfance à la fin de vie. Concrètement, nous avons quatre grands projets :
- Éduquer : éveiller les enfants et les adultes à l’olfaction, leur faire réapprendre à sentir et à comprendre ce sens souvent délaissé.
- Sauvegarder : préserver le patrimoine scientifique, technique et olfactif, qu’il s’agisse de mémoires, de métiers, de savoir-faire ou de traditions.
- Partager : organiser des congrès, des conférences et mettre à disposition des ressources accessibles pour tous.
- Accompagner : intervenir dans les institutions, les associations, les structures spécialisées pour faire sortir de l’isolement grâce aux odeurs ( odeurs/émotions, olfactothérapie, art olfactif…)
Ces actions se déclinent en ateliers sensoriels, interventions éducatives, publications, projets de recherche ou collaborations culturelles et artistiques.
Pourquoi est-il essentiel, selon vous, d’éduquer les plus jeunes (et les moins jeunes) à l’olfaction ?
Éduquer à l’olfaction est essentiel parce que ce sens a été rendu tabou ou délaissé pour de mauvaises raisons (religion, culture ou simplement par ignorance). Pourtant, l’odorat est crucial car il nous protège, nous relie aux autres et à nos souvenirs, il influence nos émotions et notre rapport au monde. Pourtant, il n’est même pas évalué chez les enfants. Dans le carnet de santé, on vérifie la vue, l’audition, la motricité… mais pas l’odorat. C’est pourtant le sens du danger : le feu, le pourri, le gaz… Apprendre à sentir, même simplement prendre conscience des odeurs, permet de considérer le monde autrement. Chez les enfants, éveiller l’odorat dès le plus jeune âge aide à mieux comprendre et apprécier les aliments. En Belgique, il existe même des programmes pédagogiques qui l’utilisent pour lutter contre l’obésité infantile. Chez les personnes âgées, les odeurs réveillent des souvenirs anciens, la fameuse madeleine de Proust. Et pour les personnes comme des patients en EHPAD profondément dépressifs ou introvertis, un accompagnement olfactif peut faire réapparaître des expressions, éveiller le visage, relancer le lien.
Avez-vous un souvenir fort d’un atelier ou d’un projet associatif qui vous a marquée ?
Un souvenir marquant, un moment d’échange avec une petite fille atteinte de trouble autistique qui a commencé à réagir, à sourire, à s’exprimer autrement, à me poser plein de questions, à me parler des odeurs de son doudou et aussi de maman… Un autre, en lien avec l’histoire de monsieur indole, un petit garçon qui a dit à sa maman que dans sa classe il y avait aussi des gens qui se moquaient de son copain parce qu’il sentait mauvais, que c’était pas gentil et qu’il était triste pour lui et pour monsieur indole. de manière générale, les odeurs ne laissent jamais indifférent et elles suscitent toujours des réactions!
Création & accompagnement
Vous accompagnez des marques, des artistes, des institutions. Comment naît une création ou un accompagnement olfactif sur mesure ?
L’accompagnement olfactif sur mesure, en réalité, repose sur un principe simple, c’est que chacun a des préférences olfactives, conscientes ou inconscientes, liées à sa culture, son enfance, ses souvenirs et ses expériences. Ensuite, il y a des standards et des études scientifiques qui aident à comprendre les contextes culturels ou régionaux. Par exemple, certaines odeurs associées aux enterrements ou aux fêtes, la lavande perçue comme désodorisant en France mais élégante au Royaume-Uni, …Avec ces repères et mon expérience technique et réglementaire, je peux orienter une création ou un projet olfactif de manière précise, adaptée aux besoins et aux briefs des clients. Mon rôle est de guider, canaliser la créativité et assurer la cohérence scientifique et sensorielle.
Comment conjuguez-vous sensibilité artistique, rigueur scientifique et enjeux environnementaux dans vos projets ?
Je conjugue sensibilité artistique, rigueur scientifique et enjeux environnementaux en m’appuyant sur ma double expertise scientifique et réglementaire. La créativité vient naturellement de mon passé en R&D et de mon esprit curieux et imaginatif, mais elle doit être canalisée pour répondre aux contraintes du marché et aux valeurs éthiques que je défends. Chaque projet se construit en essayant de trouver le juste équilibre entre esthétique/émotion et solidité/responsabilité.

Vision & engagements
Quelle est votre ambition pour les prochaines années : faire évoluer les usages, sensibiliser un public plus large, publier davantage ? Et surtout : pourquoi est-ce si important aujourd’hui ?
Mon ambition pour les prochaines années est de continuer à faire évoluer les usages et à diffuser mon savoir au plus grand nombre. Mais au‑delà de la transmission, ce qui me tient le plus à cœur, ce sontl’éthique, le partage et l’humanité. C’est ce qui me définit aujourd’hui et j’espère encore demain. Je me considère comme un maillon d’une chaîne que je souhaite élargir, pour dépasser les frontières géographiques et même celles du temps. J’aimerais laisser une empreinte, contribuer à un avant et un après. Mon rêve serait qu’un jour, on puisse se dire : Tu savais qu’avant, les gens ne sentaient pas ?
