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Interview

Interview à Karine Gbianza

Date de publication :

Karine Gbianza vient tout juste de publier un guide d’émancipation financière adressé aux femmes. Qui est Karine et quel est le message qu’elle veut faire passer à travers l’édition de son livre? C’est ce que vous allez découvrir dans cette nouvelle interview du média Les Pionnières.

Parcours & engagement

Vous êtes décrite comme “experte en marketing, autrice et investisseuse” : quel a été le fil conducteur de votre carrière ?

Je dirais la quête de sens et d’indépendance. Pendant plus de seize ans, j’ai évolué dans des grands groupes, dans l’univers du marketing, un domaine qui m’a toujours passionnée pour sa capacité à comprendre les besoins, à raconter des histoires et à créer de la valeur. Mais au fil du temps, j’ai ressenti le besoin de mettre ces compétences au service d’une cause qui me dépasse : aider les femmes à se sentir plus fortes, plus libres, y compris financièrement. Mon fil rouge, c’est donc l’émancipation — d’abord par le travail, puis par la maîtrise de ses finances.

Quel a été le déclic qui vous a poussée à vous intéresser à la finance et au patrimoine personnel des femmes ?

Le déclic est venu d’un constat très simple : malgré des carrières brillantes, beaucoup de femmes que je côtoyais se sentaient peu légitimes à parler d’argent, à investir, à négocier. Et moi la première, pendant longtemps. J’ai pris conscience que ce n’était pas un manque de compétence, mais un conditionnement culturel. En investissant moi-même, j’ai compris à quel point la connaissance financière est un levier d’autonomie et de confiance. J’ai eu envie de partager ce chemin avec d’autres femmes.

Karine Gbianza

Au-delà de votre propre réussite, vous parlez de “manifeste pour l’émancipation économique des femmes”. Qu’est-ce qui vous touche particulièrement dans cette thématique ?

Ce qui me touche profondément, c’est de voir combien les femmes s’autorisent encore peu à désirer la richesse, au sens large. Être indépendante financièrement, ce n’est pas être “matérialiste”, c’est pouvoir choisir : son métier, ses amours, ses engagements. Mon livre est une invitation à lever les tabous, à se réapproprier l’argent comme un outil de liberté, pas comme un sujet de culpabilité.

Le livre : Guide d’émancipation financière

Dans votre livre, vous invitez les femmes à repenser leur rapport à l’argent. Quelle était votre ambition première en l’écrivant ?

Mon ambition était de créer un pont entre la réflexion personnelle et l’action concrète. Je voulais que chaque lectrice se sente comprise, mais aussi outillée. Ce n’est pas un simple guide financier, c’est une conversation intime sur nos croyances, nos peurs et nos ambitions. J’ai voulu qu’on y retrouve autant de douceur que de stratégie, parce que la puissance féminine se nourrit des deux.

Parmi les leçons que vous partagez — « être à l’aise avec l’argent », « apprendre à investir », « connaître sa valeur » — laquelle vous semble la plus difficile à franchir ?

Sans hésiter : être à l’aise avec l’argent. Tant qu’on ressent de la honte, de la peur ou de la gêne à en parler, il est difficile de prendre les décisions qui permettent d’en avoir davantage. Reprogrammer son rapport à l’argent demande un travail intérieur, du temps, et surtout des actions concrètes. Je ne suis pas partisane des discours éthérés sur “l’énergie de l’argent” qu’on adresse aux femmes sur les réseaux sociaux. C’est dans l’expérience qu’on se transforme. 

Vous appuyez votre propos sur votre parcours : quels obstacles et apprentissages retenez-vous comme les plus formatifs ?

J’ai longtemps cru qu’il fallait “faire comme les autres” pour réussir : suivre les codes, cocher les cases. C’est en prenant des décisions à contre-courant — investir seule, changer de trajectoire, écrire ce livre — que j’ai le plus grandi. Mes plus grands apprentissages ? Que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la décision d’avancer malgré elle, et que l’argent est un miroir fidèle de notre estime de nous-mêmes.

Valeur & impact

Vous soulignez que les écarts salariaux, les stéréotypes de genre et les conditionnements familiaux freinent l’émancipation économique des femmes. Comment peut-on agir concrètement à ce niveau ?

À mon sens, cela passe par trois leviers : la connaissance, la négociation et la sororité. D’abord, comprendre comment fonctionne l’argent, les placements, la fiscalité : c’est le socle. Ensuite, apprendre à défendre sa valeur dans le monde professionnel : chaque femme devrait se sentir légitime à négocier. Et enfin, se soutenir entre femmes : parler d’argent, partager nos expériences, investir ensemble. L’émancipation financière n’est pas un parcours solitaire.

Pour vous, que signifie “devenir riche” lorsque l’on est femme ? S’agit-il uniquement d’argent ou d’un tout plus vaste ?

C’est un tout. La richesse, pour moi, c’est avoir du temps, des choix et la sérénité intérieure. L’argent en est un moyen, pas une fin. Devenir riche, c’est créer une vie alignée — où nos valeurs, nos ambitions et nos émotions se rencontrent. C’est pouvoir dire “oui” à ce qui compte, et “non” à ce qui ne nous correspond plus.

Vous évoquez l’investissement immobilier comme l’un de vos leviers : quels conseils donneriez-vous à une femme qui veut débuter sans réseau ni capital ?

D’abord, se former. Comprendre les bases du financement, de la fiscalité, du rendement. Ensuite, commencer petit, mais commencer : des parts de SCPI, un studio à rénover, un parking même… Le plus important, c’est le premier pas. Et surtout, oser aller voir les banques, les agents immobiliers, fréquenter des réseaux d’investisseurs et poser des questions. L’immobilier reste un formidable levier de création de patrimoine à long terme, même sans “grand capital” au départ.

Regard sur l’avenir des femmes

Quel rôle pensez-vous que les femmes de demain joueront dans la reconfiguration du patrimoine, de l’épargne, de la transmission familiale ?

Les femmes d’aujourd’hui et de demain en seront les architectes. Nous sommes à l’aube d’un transfert de richesse massif des générations dite du baby boom vers ses héritiers. Les femmes, qui vivent plus longtemps que les hommes, en seront les plus grandes bénéficiaires. Elles héritent de plus en plus, s’informent et changent d’état d’esprit par rapport à ce sujet. Elles influencent de plus en plus les décisions économiques de leurs foyers. Demain, elles redéfiniront la notion même de patrimoine : plus durable, plus inclusif, plus porteur de sens. Elles porteront une nouvelle manière de faire fructifier les richesses, qui est au service du collectif autant que de l’individu.

Guide d'émancipation financière

Si vous pouviez donner un message clé à une jeune femme de 20 ans qui démarre sa vie professionnelle aujourd’hui, quel serait-il ?

Ne t’excuse jamais d’ambitionner grand. Apprends tôt à comprendre l’argent, à le faire travailler pour toi, en l’utilisant comme un outil au service de ta liberté.

Enfin, quelles sont vos ambitions à venir : de nouveaux livres, un accompagnement collectif, ou encore un mouvement pour l’émancipation financière ?

Oui j’ai très envie de prolonger ce mouvement, de créer un espace où les femmes peuvent se former, s’inspirer et passer à l’action ensemble. Je crois beaucoup à la force du collectif. Et puis, oui, un deuxième livre est en germe, mais c’est encore trop tôt pour en parler.

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